nonos Participe
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Posté le : Dim Juin 17, 2007 5:54 pm Sujet du message: Le corbeau d'après E.A. POE |
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LE CORBEAU
Une fois, par un lugubre minuit
J’étudiais avec un peu d’ennui
Dans un volume ancien et précieux
Quelque lointain savoir prétentieux…
Les lignes de ces pages étranges
Doucement se croisent et se mélangent
A mon rêve d’homme fatigué
Soudain, à ma porte, pour m’intriguer
Un heurt léger ; quelqu'un vient me voir !
En ce froid décembre, par ce noir !
Ce n’est que cela, et rien de plus.
Only this, and nothing more.
La braise tremblante illumine encore
Mon plancher des reflets de sa mort,
Sursis à mon chagrin, mon livre
En rien de ma peine ne me délivre,
De ma peine pour ma Lénore perdue ;
Que l’on nomme Lénore au-delà des nues.
Et qu’ici on ne nommera jamais plus.
Nameless here for evermore.
Les bruissements diffus dans les rideaux
Tout-à-coup me font froid dans le dos…
Saisi, je me surprends à murmurer :
« Qui va là ! comme pour me rassurer,
Sûrement un étranger perdu ! »
J’ouvre au second coup entendu.
Dehors, les ténèbres et rien de plus.
Darkness there, and nothing more.
Quand un coup au volet résonne,
Déjà je sais qu’il n’y a personne…
Je scrute les ténèbres dans la crainte,
Il me semble entendre une plainte,
Le seul nom que je puis dire encore
Me revient en écho : Lénore.
Ce n’est que le vent et rien de plus.
‘Tis the wind and nothing more.
Je pousse alors un des deux vantaux,
Dans un grand bruit d’aile aussitôt
S’engouffre, se perche et me domine
Un somptueux corbeau dont la mine
Trahit l’austère témérité.
« Quel est ton nom, digne corvidé ? »
Le corbeau dit : « Jamais plus »
Quoth the raven, « Nevermore »
Qui a vu un oiseau parler ainsi ?
Comme s’il mettait toute son âme ici !
Dans ce mot unique qu’il réitère.
« Mes espoirs, dis-je, ont quitté la terre,
Toi, tu t ‘envoleras à l’aurore…
Comme s’est envolée ma Lénore. »
L’oiseau dit alors, « Jamais plus. »
‘Then the bird said, « Nevermore. »
Ne connaît-il rien cet oiseau infâme
Rien d’autre que le fond des âmes ?
Quelle règle sacrée a-t-il enfreint
Pour son désespérant refrain ?
De quel archange est-il le porteur
Ce triste et augural visiteur ?
En croassant son « Jamais plus. »
Meant in croaking : « Nevermore »
Depuis le fauteuil où je suis assis,
Il me semble que l’air s’épaissit.
Je respire les drogues incomparables
Que m’apportent des âmes charitables.
Respires, oublies, respires encore,
Respires et oublies ta Lénore !
Le corbeau dit : « Jamais plus. »
Quoth the raven : « Nevermore. »
Dès lors l’envoyé de minuit,
Tel une ombre, partout me poursuis.
-« Prophète existe-t-il un Eden
Au-delà de cette vie de peine
Où je pourrais embrasser encore
La fille que les anges nomment Lénore ? »
Le corbeau dit : « Jamais plus. »
Quoth the raven : « Nevermore. »
Retournes aux lugubres rivages
Sombre corbeau de la fin des âges !
Quitte cette demeure hantée
Là par mon âme épouvantée !
Mon âme qui ne pourra jamais plus
Jamais plus s’élever, jamais plus…
Shall be lifted, nevermore !
Shall be lifted, nevermore ! _________________ _______________________
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