Dans les marines, section d’élite
On m’appelle cap’tain Bullit
J’ai quarante ans de ballade
Depuis Hanoi jusqu’à Bagdad
Je revois comme si c’était hier
Les vastes forêts de cimetières
Les gosses brûlés par le napalm
Dans ce lointain, lointain Vietnam
La petite fille un soir d’été
Jouait toute seule à la poupée
Une de celle made in USA
Volée au comptoir des soldats
C’ n’est pas la peine de vous raconter
Qu’la p’tite n’a pas été retrouvée
Trois lignes versions spéciale dernière
De la politique étrangère
Vingt ans déjà, triste bilan,
Pour tout le monde c’est attristant
Mais demain le jour se lèvera
Tranquille sur la patrie natale
Et ne faites pas semblant de pleurer
Demain déjà vous oublierez
Vous irez laver votre conscience
Le paradis s’merite d’avance
C’est dégueulasse mais la petite
Dans ma chanson aimait la vie
Elle est partie sans avoir peur
En serrant la poupée sur son cœur
Je revois toujours les gamines
A cloche-pied entre les mines
D’Iraq jusqu’en Afghanistan
J’en verrais peut-être en Iran
C’est possible qu’un jour à Paris
Explose une poupée Barbie
Une de celles made in USA
Volée au foyer des soldats
CLOCHETTE
Dans mes rêves de môme je'm'souviens
Souvent il y avait une fée
Un jour la belle s'en est allée
Sûrement j'n'était plus un gamin.
Depuis les années ont passées
L'eau sous le pont n'a rien changé
je n'suis toujours qu'un bon à rien
Buveur, anarchiste et païen.
Reste donc avec moi
Tu sais souvent je pense à toi
Reste donc avec moi
?????
J'aurais voulu faire dans la vie
Vétérinaire ou bien toubib
mais comme mes vieux n'avaient pas d'ronds
J'me suis lancé dans la chanson.
T'aurais dû rester avec moi
Tu sais souvent je pense à toi
Dans ce logis de bas quartier
Qui fait toujours un peu pitié.
Reste donc avec moi
Tu sais souvent je pense à toi
Reste donc avec moi
?????
(Et) si tu restais avec moi ?
C’est un rêve que je fais parfois
(Et) si tu restais avec moi ?
Tu sais souvent je rêve de toi
Si tu restais avec moi ?
C’est un rêve que je fais parfois
Si tu restais avec moi ?
Ici il ferait un peu moins froid
Et si tu restais là ?
Si tu restais encore un peu
Et si tu restais là ?
Pour essayer la vie à deux
Quand l'inspiration ne vient plus
Tu me dis je suis revenue
Comment ça va, bonsoir Chéri
Mais bon sang qu'il fait froid ici.
Tu m'donne ton cœur et ton sourire
Tu m'donne enfin la vie d'artiste
DEMENAGEMENT
Le buffet de la cuisine
Et le lit et le mat 'las
Le frangin et les frangines
Maman qui poussait Papa
On a mit toutes les assiettes
Le bib'ron dans un carton
Le carton dans la poussette
On quittait notre maison
Pour un' drôle d'habitation
Pleine de portes et de fenêtres
Pleine d'escaliers de béton
On y s'ra heureux peut-être.
Tu nous regardais partir
Sans comprendre l'expédition
Et moi j'ai bien cru mourir
De chagrin et d'abandon
quand le portail s'est refermé
« Pour pas que les chiens s'en vont »
Emue tu m'as demandé
« Si qu'on s'en va pour de bon... »
« Oui, mais c'est pas pour toujours,
Où je vas J'connais personne »
On s'est quittés le cœur lourd
Sans que nul ne s'en étonne...
Si seulement parfois les grands
Savaient tout le mal qu'ils font
Lors des grands déménagements
Aux p' tites filles, aux p' tits garçons
qui vivent dans les buissons
Les soupentes et les greniers
Les amours des polissons
Je crois que ça les ferait pleurer…
LE CONTROLEUR
Dans le métro ma mie peureuse
Madame Poinçon la poinçonneuse
Fait du tricot pour son moutard
Qui s’ra plus tard un chef de gare
Dans ses études tout marche bien
Il est noté très bon élève
Et à coup sûr prendra la r’lève
De son papa mort sous un train
Mais un beau jour, c’était fatal,
Malformation congénitale
Insatisfaite de son élu
Madame sa femme le fait cocu.
Désabusé, vidé, aigri
Il se noie alors dans la Martini
Mais ressuscite le jour suivant
Pour détourner le Paris-Caen
Trois ans d’placard près de Honfleur
Le revoilà mais contrôleur
Et comme sa vielle maintenant retraitée
Il fait des p’tits trous dans les tickets.
POUR VIEILLIR AVEC TOI
On dit qu’un jour tu t’en iras
On dit qu’un jour tu me quitt’ras…
Je mettrais les p’tits plats dans les grands
Je fout’rais les pieds dans le plat souvent
Je mouill’rais le bouillon, j’mouillerais ma liquette
Pis j’m’allongerais sur la moquette
Tout ça pour dormir avec toi
Tout ça pour dormir avec toi
Et puis si tu rentres un peu trop tard
Et puis même si tu ne rentres pas un soir
Je n’aboierais pas, je te le promets
J’ferais com’si tu m’aimais
Oui, tout ça pour veiller sur toi
Oui, tout ça pour veiller sur toi
J’irais même jusqu’à faire la vaisselle
Et s’il le faut j’te trouv’rais belle
Mêm’si tu fais la gueule, que t’es moche
Mêm’ si j’ne suis pas d’ceux qui s’accrochent
Tout ça pour rester avec toi
Tout ça pour rester avec toi
Si un jour tu souffres, si tu pleures
Si s’en vient le temps des malheurs (du malheur ?)
Si s’en vient le temps des jours sombres
Je te suivrais comme ton ombre
Tout ça pour souffrir avec toi
Tout ça pour souffrir avec toi
J’ne suis pas de ceux qui courbent l’échine
J’ne suis pas du genre à faire des mines
Mais si j’deviens laid, tout ridé
Je n’hésiterais pas à me farder
Tout ça pour vieillir avec toi
Tout ça pour vieillir avec toi
Quand j’aurais vraiment plus la banane
Quand je s’rais courbé com’un’ canne
Au moins tu pourras t’appuyer sur moi
Si tu veux bien vieillir avec moi
Si tu veux bien vieillir avec moi…
UN AUTRE AVENIR
Du temps où je suis né
Avant ma dernière mort
Du temps où j’ai contemplé
Eblouis chaque aurore
Du temps où je menais
Un’ si belle existence
Au temps où l’on m’aimait
Tant d’amour et de chance
R :
De ce temps effacé
Dont je ne me souviens
Qu’en rêve du passé
Il ne me reste rien
Du temps où je suis mort
Dans un lit si bien fait
Dans des draps parés d’or
Près de ceux qui m’aimaient
Du temps où je planais
A travers les espaces
Du temps où je laissais
L’infini sur mes traces
Vus d’en haut les géants
Paraissaient si petits
Le faible est si puissant
Entre les galaxies
Du temps où je suis né
Avec pour seule richesse
Mon âme au contour glacé
Et absence de tristesse
Du temps où je suis né
Où j’ai passé ma peau
En ce temps que vous vivez
Je n’ ferais pas de vieux os
Et je glisse au hasard
Avant de repartir
Et je glisse au hasard
Vers un autre avenir