Bruno Gratpanche.

Ecrits, chansons page 3

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Le niveau des carpes

D’après A. Nothomb



Amélie dansait tout au fond de l’eau
Amélie pensait qu’a son p’tit niveau
Elle ne pouvait pas changer son p’tit monde
Amélie veut pas entrer dans la ronde.

Où est donc le haut, où est donc le bas ?
Et à quel niveau, on reste com’ça ?
Sans rien espérer entre les deux mondes
Sans rien respirer d’autre que de l’onde.

Trois vilaines carpes, comme des sirènes,
Jouant de la harpe, l’attirent sans peine,
Y’a quelqu'un au bord…Amélie se noie…
Amélie s’endort, encore une fois…

Amélie émerge, on lui tend la main,
Quelqu'un sur la berge lui montre un chemin…
Amélie respire et regarde autour…
Les carpes soupirent, puis vont faire un tour. (bis)


Ecoute de la chanson

Le jardinier

J’arrosais la mandragor’
Et j’ me sentais le plus fort
Je me trouvais le plus beau
Fort de mon côté cabot

J’avais rien à redouter
Jamais je n’aurais douté
J’étais convaincu certain,
D’avoir en main mon destin

J’parlais com’ un prophète
Ma vie serait une fête
Dont vous seriez les forains
Vraiment je doutais de rien

J’arrosais la Mandragor’
Et tout poussait sans effort
Et puis tout se fit sombre
Mon corps fit comme une ombre

Sur une fleur qui en mourût
Ramper je l’ aurais pas cru
Par terre on m’a ramassé
De ma vie j’en eu assez

J’appris que pour faire grandir
Les fleurs et les embellir
Ben…en plus de les semer
Fallait aussi les aimer

J’arrosais la mandragor’
Et j’ me sentais le plus fort….

J’arrosais la mandragor’
Et j’ me sentais le plus fort….


Ecoute de la chanson

Le bonhomme en couleur

C’est un petit bonhomme en noir et blanc
Il va, loin des chemins, loin des machins


On le voit parfois, le bonhomme en pleur
Dans les arcs en ciel et les champs de fleurs


Dans les boîtes de crayons à dessein* garder orthographe
On l’aurait mêm’vu et ça se pourrait bien


Se jeter dans le bleu de nos yeux
On l’aurait mêm’vu et ça m’étonne pas

Se mettre à l’eau un jour qu’elle était bleue
Pour ces îles d’où on ne revient pas

Passez le bonjour à Paul, à Emile ou Victor
Aux marquises, aux marquis, qui sais-je encor’

Loin des chemins, loin des machines
Les petits bonshommes ont meilleure mine

Loin des machins, loin des chemines
Les petits bonshommes ont meilleure mine


Ecoute de la chanson

L'âme soeur

Une jeune femme au bras d'un faiseur de rêves
Robe légère que les vents soulèvent
Un faiseur de troubles, presqu'un voleur
Venait de lui chiper son corps et son coeur

Elle était
très jolie
Il l'a prise
pour chez lui
Ses amis
très surpris
S'demandaient
indécis
Si c'était
pour la vie

Ils voulaient
eux aussi
Pour chez eux
une amie
Pour êt'deux
une amie
Près du feu
pour la vie

Alors dans les parcs et les jardins publics
Où les statues prennent des poses érotiques
On peut en voir un, parfois l'autre, guetter
Mal caché derrière de maigres bosquets

Les jeunes filles
très jolies
Dans les jar-
dins fleuris
Un copain
indécis
S'demandait
accroupi
S'il fallait
oser si
Une allait
dire oui
J'veux bien mais
à minuit
Tu m'libères
ou tant pis
Tu me gardes
pour la vie !

C'est ainsi que vont les choses, on s'unit
Souvent pour mettre un terme à son ennui
Mais si on pourchasse l'âme soeur sans nulle trève
La seule, l'unique, celle de ses rêves
Elle vous arrive un jour comm'dans un rêve
Elle vous arrive un jour comm'dans un rêve


Ecoute de la chanson

Le bonhomme de nuit

Il faisait si noir ce jour là
On s’ennuyait la l’ère lala
On a roulé un peu d’ennui
Pour en faire un bonhomme de nuit

Pour que le bonhomme soit beau
On a mis sur sa tête un chapeau
Et surtout pour qu’il « a » pas froid
L’un ou l’une d’entre nous je crois

Fit don de son écharpe en laine
Et de bon cœur ou à grand peine
D’autre apportèrent des bougeoirs
Des tas de trucs contre le noir

Des lanternes, des feux de la st Jean
Il fallait voir tous ces gens
Se coltiner la lumière
Et puis chanter, dire des prières

Pour que le bonhomme de nuit
Ne succombe pas aujourd’hui
-« laissez-moi un peu dans le sombre
Eteignez, faîtes-moi de l’ombre…

…Noctambule je vins au monde
Somnambule, j’entre dans la ronde
De ces braves gens affairés
De ces braves gens éclairés ! »

Alors nous, tout autour de lui
Dansant en costume de nuit,
Soufflâmes toutes les bougies
Lala lala l’ère ici gît

L’ombre du bonhomme de nuit
Lui, le bonhomme où s’est-il enfui ?
Quelque part il y a bien longtemps
Un beau jour une nuit pourtant…

Pour que le bonhomme soit beau
On a mis sur sa tête un chapeau
Et surtout pour qu’il « a » pas froid
L’un où l’une d’entre nous je crois…


Ecoute de la chanson

La toussaint

C’est la toussaint, bien sûr il pleut
Par tous les sains, sauve qui peut
C’est le rendez-vous des parapluies
Et de tous les coins de Paris

On s’ presse le chrysanthème à la main
Au cim’tière fleurir qui, un voisin
Qui un parent, qui un ami
Un chien, un chat, un canari.

Moi qui n’ai pas l’moindre défunt
A pantin, à thiais, ni au Kremlin-
Bicêtre, je ne suis pas de la fête
Quand chacun honore un squelette.

J’avoue qu’ça m’attriste un peu
Pire, j’en ai les larmes aux yeux
De me savoir vivant encore
Alors que tant de gens sont morts !

Que parmi eux je n’ai personne
Ne nécessitant, ça vous étonne ?
Un déplacement impérieux
Vers le fin fond de la banlieue.

Si quelque regret posthume
M’échappait, que quelqu’un, quelqu’une,
Se languissait de ma visite,
Que je m’attarde sur son site,

L’air affligé d’un gros chagrin
Parmi les parents et les cousins
Mon ami(e) je te fête ici
Bien plus souvent qu’il n’est permis

Ici, il n’est rien d’occulte
Car personne ne voue au culte
Des morts, ni Paul ni Jacques ni Pierre,
Aucune intention de prière.

Croyez-moi, je vous en conjure,
Quand j’affirme, quand je jure,
Bien que n’étant pas des saints
Que tous les jours on fête la toussaint !

Quand sonne l’heure de l’apéritif
Dans un larmoiement excessif
De pastis, chez les copains-copines
Il n’y a pas de triste mine !

A vrai dire j’en vois déjà,
Faute à l’anis ou au jaja,
Dont le regard monte aux cieux
Illuminé et radieux…

Mais pour tous ceux qui confondent
Les morts et les saints en c’ bas-monde
Je fais quand même cette mise au point,
Que ce n’est pas à la toussaint :

Que l’on fête nos chers disparus !
Les fébriles qui cour’nt dans les rues
Un p’tit pot d’fleurs à la main
Feraient mieux d’attendre le lendemain !

De rester au chaud dans leur chambre
Car c’est au second jour de novembre
Qu’on se rend dans les alignements
Fleurir son petit monument !

C’est le deux novembre le jour des morts
Qu’on nourrit les regrets, les remords !
Mais nous les « Ah c’ qu’ on s’emmerde ici »
Mais nous les « Ah c’ qu’ on s’emmerde ici »

Nous rebutent, nous attrist’nt, nous ennuient
Car on fréquente plutôt la vie
Nous rebutent, nous attrist’nt, nous ennuient
Car on fréquente plutôt la vie !


Ecoute de la chanson

La reine blanche et le fou

Une belle dame blanche
Me guette, me traque, c'est étrange,
Pourquoi est ce à moi qu'elle s'en prend
Et avec tant d'acharnement?

Moi je suis fou et je suis noir,
Et mon dieu je n'ai plus d'espoir,
Où m'enfuir, où donc me cacher?
Comment faire pour me protéger?

Elle finira bien par venir
Me débusquer, je vais périr
Elle est terrible, elle m'entraîne
Dans des chausse-trappes sirènéennes,

Sur des cases diaboliques
Lutte inégale et pathétique
Entre la chasse et la fuite
Je veux en finir et tout de suite.

Voilà maintenant qu'elle m'a coincé
Elle reste sur place sans bouger
Elle jouit de ma terreur
Je suis pétrifié par l'horreur

D'être dévoré, digéré
Et puis enfin, d'être expulsé.
Je perds conscience, je m'évanouis
Tout s'est arrêté, il fait nuit;

Un souffle tiède, une chaleur
Me réveille lentement, en douceur,
I1 fait jour, et c'est dimanche
Elle se lève, que sa peau est blanche!

C'est un drôle d'amour qu'elle me voue
En diagonale je l'aime comme un fou,
Mais elle me dame toujours le pion
Un jeu d'échec ou de passion?

Sortant l'échiquier elle me propose
Une rencontre que je n'ose
Refuser ,elle me laisse les blancs
La partie commence tendrement...

Une grande dame noire
Me guette, me traque, quelle histoire,
Et moi je suis le fou et je suis blanc
Tout nous oppose décidément!

La règle en fer

C’était le temps des tableaux noirs
Des règles en bois, des règles en fer
Mon soixante-huit, un fol espoir
Et ma victoire et mon enfer…

Le p’tit chemin, son mur en pierre
Et mon amour que je croisais
Tous les jours tout près du cimetière
J’aurais voulu, mais je n’osais pas…

Lâcher mes larmes, qu’aurait-on dit,
Un gars qui pleure pour un amour
Près d’un cim’tière, qu’aurait-on dit ?
Je m’suis fait taire pour toujours.

Et mon amour qui m’oubliait,
A cause du grand déménag’ment
A cause des grands qui oubliaient
Qu’on peut aimer même à dix ans…

On a grandi com’ci-com’ça
A l’école rien que pour les filles
A l’école rien que pour les gars
Je la r’gardais derrière les grilles…

Et les agathes roulaient, roulaient
S’entrechoquaient jusqu’au calot,
Et les agathes roulaient, roulaient…
Et brûlaient mes yeux de ballot.

C’était le temps des tableaux noirs
Des règles en bois, des règles en fer
Mon soixante-huit, un fol espoir
Et ma victoire et mon enfer…


Ecoute de la chanson

La nuit

La nuit tout nous paraît moins moche
La nuit tout nous paraît plus proche
Si tu tends la main pour des prunes
Tu tends un bras, tu ramènes la lune.


Même quand tu retournes tes poches
Et même quand t’as les pétoches
Si tu n’as rien d’autre comme fortune
Q’un vieux sac et quelques brunes


Que t’aies fait bonne ou mauvaise pioche
L’ombre et la bougie te font leur cinoche
Une féerie pour pas même une thune
Alors tends le bras et ramènes la lune

La nuit, tout nous paraît si proche
Rat d’hôtel ou à la cloche,
Un vieux copain sans rage aucune,
Tends ses deux bras vers la lune…

La nuit je te sens plus proche,
Auprès de toi tout me paraît moins moche,
Tu as dans les yeux des perles de lune,
Ton regard, c’est ma fortune…


Ecoute de la chanson

Les poètes, le vin et la mort

Tout recouvert de boue et d’opprobre
Je comparus, un jour que j’étais sobre
Devant la cour céleste, justice soit faite…
Sur le billot je dus poser ma tête
Et privé de son chef, mon pauvre corps
S’est recroquevillé comme un oiseau mort.
Si les croix, les haches se couvrent de rouille
Les poètes se trouvent toujours une dépouille…
Alors que les dieux tombent dans le commun,
Eux, ils reviennent vous prendre par la main.

Que Dionysos, dieu de toutes les ivresses,
Jamais ne me prive de sa caresse…
Il est des lieux où, le cœur tout bombé
On ressent bien qu’un poète y’est tombé…
Fragrances de tragédies anciennes,
Plus enivrantes que tous les vins de Sienne.
Si c’est ici que le drame s’est joué,
C’est ici que la mort fut bafouée ;
Ne dit-on pas en parlant des poètes
Qu’ils sont toujours un peu des prophètes ?

Il n’est rien de passé dont je ne me souviens
Il n’est rien du futur qui ne me vient
D’autre manière que par le vin et les mots,
Dîtes, est-ce le plus cruel de tous les maux ?
Je ne comprends rien à tout ce que j’écris…
Ne sont-ce d’un défunt l’agonie, les cris ?
En quête d’une enveloppe charnelle
Souffre-t-il cette vie spirituelle
Que je lui prête parfois lorsque je dors ?
Où serait-ce moi qui visite les morts ?

La journée de la femme

C'est un jour béni, consacré
Depuis qu'un'espèce de sacrée
Nigaude, parlementaire,
Quoique je ne puisse le taire,
Mue par une louable intention
Une délicate attention

Décréta qu'une fois par an
A la douc'moitié de nos parents
Une journée serait donnée
Mesdames peut-on lui pardonner
La triste engeance de ce projet
Haro ! unanime rejet

En tous cas je m'inscris en faux
Qu'on me les coupe s'il le faut
J'n'aurai pas cet'condescendance
J'n'aurai pas cet'outrecuidance
Rien qu'une fois en cours d'année
Ou alors que je sois damné

De vous retenir la moindre porte
Je vous sais mesdames assez fortes
Et bien que faisant nos régals
J'affirme que vous êt'nos égales
Je l'affirme et le maintiens
Trois cent soixante cinq jours chrétiens

Mais surtout n'vous y trompez pas
Je ne me fais pas un trépas
De nos viriles attributions
Et si par malheur nous fussions
Un jour prédestinés, promis
Et tout petits déjà soumis

A un tendre matriarcat
Si un beau jour c'était le cas
Qu'on inverse les rôles en somme
Qu'on instaure la journée de l'homme
Et j'vous assure que le lendemain
J'prendrais mon courage à deux mains

Pour faire un'p'tite chansonnette
Car je suis, c'est une chance, honnête
Faut de la considération
Pour les autres, qu'ils aient leur ration
de bien-être et de bonheur
Je le dis en tout bien tout honneur

La journée de la femme m'assomme
Autant qu'une journée de l'homme
Et le soir quand je me couche
Je sais que des femmes accouchent
Je chéris leurs grâces maternelles
La femme, la femme est éternelle !


Ecoute de la chanson

La fête de la musique

C’est la fête de la musique
Faîtes de la musique !
Puisque le ministre est d’accord
Pour que de l’aube à l’aurore
Au premier jour de l’été
Le bon peuple puisse chanter !

Mais quelque part on joue faux
Car il tombe beaucoup d’eau !

C’est la fête de la musique
Faîtes de la musique !
Puisque le ministre est d’accord
Que je connais deux trois accords
Je peux gratter ma guitare
Au balcon grand tintamarre

Qui donc fait des fausses notes
Pour qu’il tombe autant de flotte !

C’est la fête de la musique
Faîtes de la musique !
Grincez binious et crécelles
On fait dans le culturel
C’est un peu démagogique
Mais c’est tell’ ment médiatique

Qui trouble cette harmonie
Pour qu’il tombe tant de pluie !

C’est la fête de la musique
Faîtes de la musique !
Cognez sur vos cass’ roles
Que tout le monde danse et rigole
Mais dans ce concert bien orchestré
Citoyens, administrés

Quelque chose se désaccorde
Car il pleut des seaux, des cordes !

C’est la fête de la musique
Faîtes de la musique !
Puis le maître lève sa baguette
Plus de musique tout s’arrête
Dans ce concert bien réglé
Teinte encore un’ cloche fêlée

Quelqu'un ne joue pas en mesure !
On va encore dire qu’c’est moi bien sûr !

L’attente

Je te serrais à plein bras
Insupportable étreinte
Je ne serrais que le drap
Dans la lumière éteinte

En ce lugubre opéra
Où je vole sans contrainte
Mon amour qui entendra
Désormais ma longue plainte ?

Errant sans ombre ni aura
Sans courage et sans crainte
Je demeure dans l’agora
Des espérances défuntes

J’attends quelqu'un qui saura
Te ramener ma conjointe
Comme tu étais, dans mes bras
Au temps des folles étreintes
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