Bruno Gratpanche.

Ecrits, chansons page 5

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Le survivant

 

J’entrevois le travail qu’il me reste
Sur ce monde isolé, alors je peste
Et je souffle, ployé sous mon leste
Lourd est mon fardeau, lents sont mes gestes.

Je vais, je tourne en rond sur ma planète,
Est-ce un dieu, est-ce un homme qui fit place nette
De mes semblables ? et est-ce qu’il est honnête
Qu’on me laissa seul sur la dunette ?

Je scrute l’infini et je dis une messe
Aux étoiles, puis je retourne à mes caisses,
A mes trous, à mes urnes, mes croix, ah ! mais qu’est-ce
Qui s’est passé ? Pourquoi ce grand patacaisse

M’épargnât-il ? Hein ? qui alluma la mèche ?
Qui donc a mit le feu à la crèche ?
Je serre dans mes mains dures et sèches
L’unique outils qu’il me reste : une bêche…

De ma tâche, je n’ai point à être fier,
Je creuse et je fais des petits tas de pierres…
Gérant, de cet infini cimetière…
J’ai à enfouir l’humanité entière.

C’est moi, Le survivant, seul dépositaire
De la conscience, de la vie, de ce mystère…
Qui poussa soudain les miens à se taire ?
Je creuse et le néant m’apparaît sous la terre…

Il se peut que je meure, un jour funeste…
Qui alors aura le charitable geste
De mettre un peu de terre sur mes restes ?
Alors je lève le poing et je proteste !

Tout seul, assis sur la dernière pierre
De ma pyramide je dis des prières
Et Dieu, soudain, m’apparaît en pleine lumière :
« Bravo mon fils, dit-il, ce monde n’est plus que poussière…

-Bravo ! Bien joué ! Mais on a encore à faire…
Dans un p’tit coin perdu de l’univers
Y’a un monde avec plein de petits hommes verts
Qui ne connaissent rien encore de l’enfer… »

Le revenant

 

C'était mon vieux copain
C'était mon frère
I1 est parti par un chemin
Sombre et désert

Et seule l'ombre de ce vaurien
Suivait derrière
Il le disait, c'est mon destin
" y'a rien à faire"

Une guitare pleure au loin
Ecoutez c'est mon frère
Une carabine tonne au lointain
Au-delà du désert
Alors tremblez gens de bien
Dites vos prières

Car c'est mon frère qui revient
Qui revient de l'enfer
S'enfuir de là bas nul n'y parvient
C'est une grande misère

Le diable tremble lui même
Et ne peut rien pour vous,
Car c'est mon frère
Braves gens, qui revient
Parmi nous, parmi nous…

Ecoute de la chanson

 

Le plus petit commun dénominateur

 

Quand chacun s’en va de son côté
Quand on a tout repris, tout compté
Il y a toujours, dans les divorces d’amateurs
Un plus petit commun dénominateur,

Qui tremble de froid, tremble de peur…

refrain :
Madame, s’il vous plaît, madame, s’il vous plaît
Cent balles de bonbecs
C’est pour mon petit mec
Madame, s’il vous plaît.

Chang’ment de vie, changement d’école
Je prends le p’tit, tu gardes la bagnole,
Mais le plus petit commun dénominateur,
tremble de froid, tremble de peur… (R)

On s’prend un appart’, on s’prend la rue…
Que du temps gâché, du temps perdu
Mais le plus petit commun dénominateur,
Tremble de froid, tremble de peur… (R)

Y’a des moments on a envie
De tout défaire, de refaire sa vie…
Mais dans ses grands airs dominateurs
Est-ce qu’on tremble de froid, tremble de peur… (R)

On bricole des trucs à la va-vite
A l’instant T où l’on se quitte
Mais le plus petit commun dénominateur,
Tremble de froid, tremble de peur… (R)

 

Le piano insensé

 

Mes oreilles me font défaut
J’entends plus le son du piano
Je deviens sourd et ça m’rend triste
Mais je reste un bon pianiste

Ca n’fait rien
Ca n’fait rien
Vous aimerez la musique
De mon piano magique ! Ca n’fait rien…

C’est un piano électrique
Je vous passe la technique
On le branche, alors dans les cieux :
Des symphonies pour les yeux !

Et si, si on se perd de vue
Si ’on n’voit plus rien dans les nues…
Si le noir se fait partout…
Si d’la lumière on perd le goût

Ca n’fait rien
Ca n’fait rien
Tu aimeras la musique
De mon piano magique ! Ca n’fait rien…

On branche un fil électrique
Au clavier du piano magique
Vers un genre de boîte à odeurs
Voilà, la mélopée des senteurs…

Si on se perd à vue de nez
Si nos sens avaient tout donné
Nous serions tous agusiques
Insensibles et amnésiques

Ca n’fait rien
Ca n’fait rien
Tu aimeras la musique
De mon piano magique ! Ca n’fait rien…

Afin de n’oublier personne
Relié au fil du téléphone
Avec un fil électrique
Et une boîte électronique…

C’est décidé je vais te faire
Un clavier extraordinaire !
Et chaque touche de mon piano !
Un de mes dix doigts sur ta peau…

Et c’est bien
Et c’est bien
Comment ais-je pu imaginé
Un Piano à se toucher ?
Un piano à te toucher ?

 

J'ai vach’ment mal dormi

Refrain :

J'ai vach’ment mal dormi
Moi tout seul cette nuit
J'ai vach'ment mal dormi
Moi tout seul dans mon lit

Les voisins font bien trop de bruit
Pour moi tout seul dans la vie
Dominé par un' vielle envie
Je m' lève pour aller faire pipi (refrain).

Malgré tout c' qu'on peut dire
Malgré tout c' qu'on peut lire
Malgré tout c' qu'on a pu subir
C'est vach'ment dur de se désunir

Qu'on ai raison ou bien qu'on ai tort
Qu'on soit l' plus faible ou le plus fort
I1 te poursuit même quand tu dors
L'souvenir de e 'dr81e de petit corps

Et même si y'a l' boulot
Pour oublier un peu sa peau
T'as beau l'avoir dans la peau
L'amour, l'amour fait jamais de vieux os

J'ai vach'ment mal dormi
L'impression que rien s' ra pire
J'ai vach'ment envie d' partir
Un vieux rêve comme point de mire

Ecoute de la chanson

 

Fin d’été à Maisons-Laffitte

 

Près du château de Maisons-Laffitte
Tout près du pont, par là où j’habite
Le vent s’amuse avec les peupliers
Avec les feuilles qu’il fait tournoyer

La prun’ trop mûre, me tombe dans les mains
La pomme se cache encore dans le jardin
L’été s’en va, Septembre offre à mon nez
Le doux parfum de mes jeunes années

Près du château de Maisons-Laffitte
Tout près du pont, par là où j’habite
Le vent s’amuse avec les peupliers
Avec les feuilles qu’il fait tournoyer


Les moustiques errent, chahutés par la brise
L’hirondelle file au raz de nos chemises
Les filles sont folles, elles rient de tout, de rien
Il y a dans l’air, un air que j’connais bien.

Près du château de Maisons-Laffitte
Tout près du pont, par là où j’habite
Le vent s’amuse avec les peupliers
Avec les feuilles qu’il fait tournoyer


Une robe à fleurs danse une dernière fois
Celle qui la porte regarde encore vers moi
L’été s’en va, Septembre offre à mon cœur
Le souvenir des saisons du bonheur

Près du château de Maisons-Laffitte
Tout près du pont, par là où j’habite
Le vent s’amuse avec les peupliers
Avec les feuilles qu’il fait tournoyer


Près du château de Maisons-laffitte
Tout près du pont, par là où j’habite
Le temps s’amuse avec mes jeunes années
Et mes souvenirs qu’il fait tournoyer.


Près du château de Maisons-Laffitte
Tout près du pont, par là où j’habite
Le vent s’amuse avec les peupliers
Avec les feuilles qu’il fait tournoyer

Ecoute de la chanson

 

Enfance

 

Avant que « tu sois née »
J’étais abandonné
J’étais père sans enfant
Ou enfant sans parent

J’étais pas au complet
Mais toi tu m’as refait
T’as recollé les bouts
Tu m’a remis debout

Maintenant je te regarde
Toi ma fille qui se farde
Ma gamine qui grandi
Toi ma fille qui me dit :

« Papa, t’es gris, pas beau
tu viellis et t’es gros…
Mes copines se moquent
De toi mon vieux chnoque…. »


T’as raison ma chérie
Tu m’rappelles une vie
Une vie avant toi
Un’vie morte déjà…

T’as raison ma chérie
Tu m’rappelles ma vie
Une vie avant toi
Un’vie morte déjà…

 

Devant nous

 

Dans mon gros camion
J'fais peur aux piétons
'ttention pépé, 'ttention
Dans mon gros camion
J'fais peur à un gros con
Dans sa p'tite bagnole
Il me fait la gueule

Mais moi
J'en ai rien à fout' de c'mec-là
J'le connais pas moi c'mec-là
Mais moi
Je pense à toi
En r'gardant la route
Devant moi
En r'gardant la route
Devant moi
Devant moi

Dans mon gros camion
Je croise un avion
'ttention l'avion, 'ttention
Sur la route des camions
C'est drôle un avion
Mais est-ce qu'il décolle
Merde on s'fout d'not'gueule

Mais moi
J'évite les matous et les toutous
En faisant des rêves un peu fous
Mais moi
Je pense à nous
En r'gardant la vie
Devant nous
En r'gardant la vie
Devant nous
Devant nous

Ecoute de la chanson

 

Cœur caillou

 

J’avance au hasard sur une route déserte
Je n’ai trouvé personne encore dans mon brouillard
On dit qu’on va toujours vers sa perte
Me trouvera-t-on avant qu’il ne soit trop tard ?

Où sont donc allé les autres mes semblables ?
Par quel chemin sont –ils partis tous ensemble ?
Pourquoi cette absence presque palpable ?
Ils sont tout près, je les sens par ma peau qui tremble.

Parfois vers moi une ombre ténue s’avance
Je voudrais la saisir mais tout s’efface pourquoi ?
Est-ce un mauvais film, une pièce ratée, je pense ?
Souvent que tout devrait s’arrêter là.

J’avance au hasard sur une route déserte
Je n’ai trouvé personne encore dans mon brouillard
Que faire de cette envie qu’on me fut offerte
De ne pas marcher tout seul vers autre par ?

A tâtons, butant, trébuchant sur les cailloux
Parmi les pierres glacées un cœur qui bat encore,
Une envie folle de se mettre à genou,
De le ramasser, de partir et d’être un peu plus forts.

Ecoute de la chanson

 

Chanson pour les enfants gris

 

La procession traînait le pas
Tenaillée par le froid, la faim
Traînant les pieds, le profil bas
Dans l’horizon glacé, sans fin


-« On cherche la couleur
Partout du blanc, du noir, du gris
On cherche le bonheur…
Partout du blanc, du noir, du gris… »


Sur le sol blanc, sous le ciel noir
Ils vont en quête de la couleur
Ils vont, gris comme leur histoire
Ils vont pourtant vers le meilleur


-« On cherche la couleur
Partout du blanc, du noir, du gris
On cherche le bonheur…
Partout du blanc, du noir, du gris… »


Et puis enfin, vînt le printemps
Enfin, vinrent les longues heures
Car la neige avait fait son temps
L’Hiver nous rend nos couleurs


-« Merci pour la couleur
Pour le rouge, le bleu et le vert
Pour toutes les couleurs
A plus tard maudit blanc de l’hiver »

 

Cent mots

 

Je n’ai que cent mots
Pour dire ma vie
Ma vie, en un mot
Ne tient comme on dit

Comme au fil de l’eau
Qu’à un fil de pêche
Entre les bateaux
Pendu qu’on repêche

Par tous les moyens
Ca ne justifie pas
Qu’un vrai bon à rien
Rebrousse son pas

Alors de bon gré
Alors face aux vents
Ou alors malgré
Ma plainte d’enfant…

Je n’ai que cent mots
Pour dire ma vie
Ma vie, en un mot
Se résume ici.

Au port de l’enfance
Au port des marmots
Aux bords des souffrances
Aux bords des cents mots

Je n’ai que cent mots
Mais j’ai mes deux poings
Ca m’fait cent deux mots
Cent deux mots et point

A la ligne dans l’eau
Entre les bateaux
Et les fils de pêche
Pendus qu’on repêche…

Je n’ai que cent mots
Pour dire ma vie
Ma vie, en un mot
Se résume… ici

 

Bouche à bouche

 

Naviguant à la mouette
Aux étoiles de mer
Croisant à l’aveuglette
Sans le moindre repère

De vaguelette en vaguelette
Coincé dans un’ chambre à air
J’évite les grosses tempêtes
Je barbote en pépère

Je barbote en poète
Navigateur solitaire
Je sifflote l’âme distraite
J’compte mes pieds, j’compte mes vers

Quand soudain , on crie à tue-tête
SOS ! un homme à la mer !
Un’ sirène sur moi se jette
Craignant que je manque d’air

De mes lèvres, ell’ se met en quête
De mes lèvres solitaires
De mes lèvres, elle se met en quête
Pour un bouche à bouche…Salutaire !

 

Un blues pour un spleen

 

Il a l’gosier sec et le ventre vide
Tout est clean, impec’, dans sa piaule humide
Mais y’a d’l’eau dans l’gaz, ça tourne pas droit
Le réchaud est naze, il a un peu froid…

Il a le cœur sec et les yeux humides
Mais faut faire avec, pas lâcher la bride…
Il prends sa guitare, celle qui le câline
Un air au hasard, un blues pour un spleen

Y’a des fantômes, chez lui , surtout le soir
Il est com’un môme, qui a peur dans le noir
Quand on est tout seul, comme ça on chante
Le blues à pleine gueule, le spleen et l’attente…

C’est pas un pauv’mec, qui tourne à vide
Il gagne son beefsteak, loin des coins sordides
Y’a de la lumière partout où il va
Y’a de la lumière partout où il va…

Et dans sa maison, on partage le pain
Et puis les chansons qui parlent des copains
Des filles qu’il a aimé , d’amours inassouvis,
Comme des fleurs semées le long des rues de sa vie

Maintenant le mec, est bouffé par les rides
Il est vieux, tout sec, mais son cœur n’est pas vide
Sa voix éraillée, trois accords de blues
Sonnent sans dérailler : « I ‘ll never be able to lose »

Ecoute de la chanson

 

 

A une mère défunte

 

J’aurais tant voulu avoir vos délicatesses
J’aurais tant aimé retrouver votre tendresse
Votre douceur,votre charme,je vous les envie
Ah!si ma mort,en tous points était votre vie.

Toutes ces voluptés qui vous faisaient resplendir
Je vous les jalouse tant,au point d’en mourir
Pour renaître et me retrouver confiant
Contre votre sein généreux,votre sein troublant

Parfois,je crois vous surprendre dans un miroir
Je n’y vois personne et ne ressens plus d’espoir
Pâle copie de vous dans vos robes en souffrance
Je vous pleure encore après tant et tant d’absence…

Y’aura-t-il un dieu quelconque,un dieu assez fou
A l’instant ultime,pour me remettre en vous?
Et que ma tombe palpite comme votre ventre
Je creuserais la terre humide jusqu’à son centre…

Et je verrai par vos yeux fermés
L’ombre et la lumière
Et je verrai par vos yeux fermés
L’ombre de mon père…


Ecoute de la chanson

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